Le haïku, enfantin ?
Réflexion
Magyar
Le haïku,
par sa simplicité, peut être considéré d'un certain point de vue peu
profond et bien enfantin. Mais ce serait négliger toute la part de non-dit qu'il renferme.
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Il y a les mots et tout ce qui est dit entre les mots, dans les silences, les blancs, les symboles.
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Rien d'enfantin, dans le sens de " facile ". Il faut justement cette " âme d'enfant " pour sortir une observation juste et spontanée. C'est tellement facile que je détruis 90 % de mes productions, car je reste non satisfait de celles-là.
Le jeune enfant ne fait pas d'efforts car sa tête n'est pas encore encombrée de tous ces "savoirs" qui modifient notre perception.
Il y a les mots et tout ce qui est dit entre les mots, dans les silences, les blancs, les symboles.
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Rien d'enfantin, dans le sens de " facile ". Il faut justement cette " âme d'enfant " pour sortir une observation juste et spontanée. C'est tellement facile que je détruis 90 % de mes productions, car je reste non satisfait de celles-là.
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Le jeune enfant ne fait pas d'efforts car sa tête n'est pas encore encombrée de tous ces "savoirs" qui modifient notre perception.
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Tout
dépend de ce qu'on entend par "enfantin". Quoique le dictionnaire (un
dictionnaire ! j'ai consulté internaute.com, dictionnaire de la langue
française.)nous offre deux définitions
1. propre à l'enfant.
2. élémentaire, facile, puéril, simple. ),
le terme est souvent utilisé de façon péjorative. Il va de soi qu'aucun visiteur de ton blogue ne viendra défendre ici l'idée que le haïku est puéril (sinon, qu'est-ce qu'il fait là ??). Ni probablement l'idée que c'est "simple". Parce que la plupart de nous passent beaucoup de temps et mettent beaucoup d'effort à "améliorer" leurs haïkus.
Quoique... j'ai l'impression que nos meilleurs haïkus sont ceux qui nous ont été "donnés", c'est à dire, qu'on n'a pas "travaillé" mais qui se sont tout simplement écrits par eux-mêmes, à travers notre crayon. C'est cette simplicité, ce regard tout neuf sur le monde qui nous entoure, ce que Francine Chicoine appelle (je crois) "premier regard", comme le regard de l'enfant, qui fait souvent qu'un haïku nous émeut*.
En ce sens-là, on peut dire que le haïku est un art qui vient facilement aux enfants. Et nous avons tout intérêt à "redevenir des enfants" devant le monde.
*(D'ailleurs, c'est tout ce que je demande à un haïku : qu'il me touche profondément, qu'il déclenche une émotion - tout en respectant les caractéristiques du genre littéraire.)
1. propre à l'enfant.
2. élémentaire, facile, puéril, simple. ),
le terme est souvent utilisé de façon péjorative. Il va de soi qu'aucun visiteur de ton blogue ne viendra défendre ici l'idée que le haïku est puéril (sinon, qu'est-ce qu'il fait là ??). Ni probablement l'idée que c'est "simple". Parce que la plupart de nous passent beaucoup de temps et mettent beaucoup d'effort à "améliorer" leurs haïkus.
Quoique... j'ai l'impression que nos meilleurs haïkus sont ceux qui nous ont été "donnés", c'est à dire, qu'on n'a pas "travaillé" mais qui se sont tout simplement écrits par eux-mêmes, à travers notre crayon. C'est cette simplicité, ce regard tout neuf sur le monde qui nous entoure, ce que Francine Chicoine appelle (je crois) "premier regard", comme le regard de l'enfant, qui fait souvent qu'un haïku nous émeut*.
En ce sens-là, on peut dire que le haïku est un art qui vient facilement aux enfants. Et nous avons tout intérêt à "redevenir des enfants" devant le monde.
*(D'ailleurs, c'est tout ce que je demande à un haïku : qu'il me touche profondément, qu'il déclenche une émotion - tout en respectant les caractéristiques du genre littéraire.)
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Devant l'éclair -
sublime est celui
qui ne sait rien !
Bashô, trad. Atlan
Savoir porter sur le monde un regard neuf est effectivement essentiel pour le haïjin. Et ce regard - propre à l''enfant - ce "regard poétique" en quelque sorte, ne constitue-t-il la difficulté majeure ? Sans lui, impossible d'émouvoir le lecteur et toutes les règles du genre n'y feront rien.
L'autre dimension du haïku se situe au-delà des mots, au-delà du dire. Certes, il peut n'être que contemplatif mais, même dans ce cas, il ne dit pas tout à fait tout ou alors il est raté.
Relisant les Anciens, je suis souvent frappée par la portée de leurs haïku, le pouvoir suggestif des mots et des silences, des couleurs, des contrastes, du rythme ...
sublime est celui
qui ne sait rien !
Bashô, trad. Atlan
Savoir porter sur le monde un regard neuf est effectivement essentiel pour le haïjin. Et ce regard - propre à l''enfant - ce "regard poétique" en quelque sorte, ne constitue-t-il la difficulté majeure ? Sans lui, impossible d'émouvoir le lecteur et toutes les règles du genre n'y feront rien.
L'autre dimension du haïku se situe au-delà des mots, au-delà du dire. Certes, il peut n'être que contemplatif mais, même dans ce cas, il ne dit pas tout à fait tout ou alors il est raté.
Relisant les Anciens, je suis souvent frappée par la portée de leurs haïku, le pouvoir suggestif des mots et des silences, des couleurs, des contrastes, du rythme ...
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En
effet, ce regard neuf sur le monde est tout sauf simple pour les
adultes que nous sommes. Il s'agit probablement d'arriver à dépasser le
simple "regarder" pour... voir ! Pour ça, il faut se décentrer de soi -
on touche ici peut-être à la fameuse "objectivité" du haïku. En même
temps, ce "premier regard" qu'on peut apprendre de l'enfant est quelque
chose d'éminemment subjectif !
La deuxième dimension que tu mentionnes est ce qu'on appelle dans le jargon des haïkistes "le non-dit". Il faut en effet en laisser un peu au lecteur, le prendre pour quelqu'un qui est capable de co-construire le sens de ce que le haïku suggère.
La deuxième dimension que tu mentionnes est ce qu'on appelle dans le jargon des haïkistes "le non-dit". Il faut en effet en laisser un peu au lecteur, le prendre pour quelqu'un qui est capable de co-construire le sens de ce que le haïku suggère.
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Tout l'art réside dans le "savoir-doser" cet implicite. Le non-dit oui, mais avec beaucoup de doigté.
Après l'attentat
fusil-mitrailleur d'enfant
parmi les décombres
Salim Bellen, "L'échelle brisée", AFH 2007
Après l'attentat
fusil-mitrailleur d'enfant
parmi les décombres
Salim Bellen, "L'échelle brisée", AFH 2007
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