mardi 30 mars 2010


vent dans les manches
presque seule
face à la mer

être là
les pieds dans les algues
envol silencieux


(Danièle)

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le vent salive
vaguement qui décoiffe
les vagues

oiseaux de ramages
de passage
de naufrages

(JEA)

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marée d'équinoxe
le halo pâle d'un phare
il pleut sur les vagues

equinoctial tide
pale halo of a lighthouse
rain falling on waves


(Danièle)

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sparkling on the sea
like a thousand diamonds
a wet mast

( 2ème prix dans les meilleures sélections pour 2009 - Mainichi Daily News: Haiku in English, le 29 mars 2010}

étincelant sur la mer
comme mille diamants
une poupe mouillée

(Keith A. Simmonds)

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lundi 29 mars 2010

dans les boutons d'or
la carcasse d'un lapin
un corbeau s'envole

dimanche 28 mars 2010

Chassés par des loups
sur les chemins de l’exode
des gens par milliers

les lèvres de la fillette
ont la couleur des myrtilles



Ils n’ont plus de noms
et leurs visages s’effacent
déjà oubliés

de là-bas vient une odeur
de poudre et de feu mêlés



Dans l’aube encrassée
la marche des automates
aux paupières closes

un cochon vautre sa panse
dans l’eau croupie de la mare



Danièle Duteil (Anthologie du tanka francophone, mars 2010, Editions du tanka francophone, Canada)

samedi 27 mars 2010

pas feutrés
entre chat et lapin
son sommeil
partageant ma lecture
une mouche
la première


(Danièle)

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offrant chaque feuille
chaque ombre d'un carnet
un chêne centenaire

(JEA)

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sous l'arc en ciel
les croupes pleines des chevaux
fin d'orage

vendredi 26 mars 2010

premiers rayons
le rameau que l'on croyait mort
porte un bourgeon
tombée du soir
il traverse le silence
le clou qu'il enfonce

Photo de Cécile Duteil

par delà le nuage de grêle
l'horizon
lumineux


(Danièle)

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coucher de soleil
dans l'harmonie du soir
souvenirs d'antan

(Keith A. Simmonds)

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jeudi 25 mars 2010


trève
dans sa mémoire de grands pans
de silence


elle ferme les yeux
et fait le vide
lente perception


(Danièle)


la lumière vogue
dans les profondeurs de l'âme...
secrets du silence

(Keith A. Simmonds)


brève
la mémoire qui crève
comme nuage d'orage
(JEA)


"Tout ce que j'aime, tout ce que je pense et ressens, m'incline à une philosophie particulière de l'immanence d'après laquelle la surréalité serait contenue dans la réalité même (ne lui serait ni supérieure ni extérieure)"- Éluard, Donner à voir, 1939.

mercredi 24 mars 2010



dernier chapitre -
sur l'horizon
la courbe du soleil


last chapter -
on the horizon
the sun curve
l’alouette
perdue de vue
seul son chant
Printemps des Poètes -
dans le brouillard le clocher
a perdu la tête


Danièle Duteil
(La pluie bat la dune -Éditions des petits riens)

mardi 23 mars 2010

jour de taille
les deux voisins s'envoient des fleurs
d'échelle à échelle
passant la clotûre
un troglodyte ébouriffé
déclin du jour

lundi 22 mars 2010


envoûtée -
sa main caresse
la cime des arbres


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De Keith A. Simmonds :

des cerisiers
envoûtés par le printemps
rougissent de plaisir

**********************************************D
nuit de mars
une demi-lune éclaire
le pin élagué


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De Keith A. :

une lanterne
au-dessus du village:
la pleine lune

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silhouette
entraperçue
la fenêtre s'éteint


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De Keith A. Simmonds :

silhouettes minces
sous le soleil matinal...
des bambous se pâment

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rien aujourd'hui
juste un vol
d'oies sauvages
première tonte
sauvée de justesse
la grenouille

dimanche 21 mars 2010

collées à la vitre
toutes les pluies de l'hiver
- premier bourdon


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De Keith A. Simmonds

des amoureux
se promènent dans le parc...
début du printemps

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samedi 20 mars 2010


premières pâquerettes -
des *"pikou-panez" fleurissent
sur son visage


*Pikou-Panez : tâches de rousseur en Breton
CONCOURS
Résultats du 24ème Concours de haïkus de l'Ambassade du Japon à Dakar : les lauréats. Voir liens ci-contre.


chemin forestier
une branche casse
et puis le silence


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De JEA :

un chemin s'écarte
la forêt lui tourne le dos
un oiseau dépasse le silence

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salon vide
sous un galet
un mot

mercredi 17 mars 2010

rescapés
ni mots ni pleurs
leurs regards fixes

deux étoiles dans le ciel
un peuple chante
et pleure

au coeur des gravats
un filet d'eau pure
- femme à sa toilette


"Poètes pour Haïti" V3.3 vient de paraître

mardi 16 mars 2010

Entre deux averses, rire
du temps qui s'écoule.
Les fougères sont rousses


3ème prix Ambassade du Japon à Dakar, le 13 mars 2010

dimanche 14 mars 2010

au coeur des Puys
soudain ce vide
pourtant que la montagne est belle

jeudi 11 mars 2010

Puisque c'est ainsi...

devant sa maison
un vieillard cassé frappe
un tuteur

mercredi 10 mars 2010

retour de houle -
il note dans son carnet
jusqu'au dernier souffle*


*L'homme a péri noyé.
hommage -
sur leur douleur
la douceur du violon
leurs mains
croisées décroisées
- attente du train
un coeur
gros comme ça
tic tac
fin de tourmente
le soleil se couche
tout rond

mardi 9 mars 2010

terres appauvries
l'horizon avale
un gros soleil rouge
regain du froid
les jonquilles dans la main
de la vendeuse

neko


ses mots
couverts par le bruit du vent
- premières jonquilles


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bise matinale
sur le papier aquarelle
un nuage rose

lundi 8 mars 2010

Solitude. Des amis s'éloignent et l'hiver s'attarde.

dans le vent glacé
le va-et-vient de la vague
- troncs à la dérive

dimanche 7 mars 2010

ciel bleu-dur
le vent du Nord
sur la boue
Par rapport au haïbun que j’ai posté hier, une remarque justifiée de Jean-Claude César :

merci Danièle,

Une certaine distance avec l'événement permet un oeil vif et pertinent.

Mais je suis surpris,vous avez déjà le rossignol ?

en communion

Jean-Claude


Ma réponse :

Merci, Jean-Claude. Aujourd'hui, ciel pur mais vent glacial. Un peu de chaleur aurait fait du bien à beaucoup de foyers.

A la réflexion, tu as certainement (assurément) raison par rapport au rossignol :
c'est un peu prématuré. Entendu dimanche dernier dans le chaos général, ce chant
d'oiseau si limpide, alors que j'avais les pieds dans la boue, est resté gravé
dans mon esprit. Je n'en ai peut-être retenu que la valeur symbolique et l'ai
ainsi attribué au rossignol. Dans ma tête, c'était lui. Sans doute pas en
réalité. Intéressant sur le plan psychologique.
Je fais confiance à ta connaissance dans ce domaine où tu peux m'éclairer. Mais
il me plaît, je crois, de garder ce rossignol dans un coin de ma mémoire.


Amitiés,

Danièle

samedi 6 mars 2010



…Il a ressurgi, le vent, à l’heure de l’angélus. Familier d’abord, lâchant quelques bourrades au dos des maisons.

le bruit de la clenche
derrière la porte en bois
premiers réverbères

Et puis son intrusion, jusque dans les pierres sèches des clos centenaires.

en plein mur
la course des ombres
Aziyadé à l’affiche

Sur les coups de minuit, grondement sourd, continu, surgi de l’océan.

rideau -
du sel
sur les vitres

Souffle impérieux, infatigable, léchant, creusant, récurant le moindre interstice.

pieds nus
de la poussière sur le plancher
douleur aux tempes

Trois heures du matin. La mer furibonde assiège les digues, arrache les parapets, éventre, déracine, engloutit.

sur l’almanach
des enfants jouent au train de chaises*
liaisons coupées

Soleil matinal. Aucun coq n’a chanté. Dans les vastes terres noyées, des oiseaux de mer égarés. Un ibis survole lentement le marécage.

L’eau, la boue, jusqu’au coeur des villages.

dans le cupressus
le chant du rossignol
clair comme jamais


* "Le train de chaises des Tuileries", photo de Robert Doisneau

Xynthia, dimanche 28 février 2010

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vendredi 5 mars 2010

"...la mer me précède et me suit"
Camus, L'été


Loix en Ré : la pointe du Grouin, le 4 mars 2010, quatre jours après Xynthia.

jeudi 4 mars 2010

brûlées par le sel
tant de sèves printanières
frontières invisibles

terres inondées
au bout de la jetée
un homme immobile - ivre
Bonjour,

Je viens juste de récupérer ma connexion internet et mon téléphone.

Merci à tous ceux qui m'ont adressé des messages de sympathie suite à la terrible tempête qui a ravagé une grande partie des côtes charentaises et vendéennes, faisant malheureusement de nombreuses victimes.
De mon côté peu de dommages si ce n'est un terrain situé à Loix, à la pointe du Grouin, irrécupérable. Le raz de marée a touché tous les villages sans exception, beaucoup de maisons ont été éventrées par les eaux, les rues submergées,
les voitures noyées. De vastes zones restent sinistrées, les forces conjuguées du vent et des vagues ayant fait éclater les digues en de nombreux endroits. Le Nord de l'île offre un spectacle de désolation : routes fracassées, blocs de béton épars et surtout, les champs, les terres inondées à perte de vue. Il faudra des années pour réparer les dégâts.

Toutes mes pensées vont aux familles dans la douleur et le deuil.

Chaos. Sous la force des vents et la poussée des eaux, les digues explosées.


Oiseaux de mer dans les terres submergées.

Ciel bleu.
Ce matin, j’ai pleuré.

dans le cupressus
le chant du rossignol
clair comme jamais


Ecrit dimanche 28 février au matin. Le raz de marée survenu pendant la nuit a laissé l'île et de nombreuses communes côtières dévastées.

Les communications viennent juste d'être rétablies.

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