ruelle pavée
aux douze coups de midi
fillette immobile
terre de l'enfance
mêmes pierres même vent
d'autres vies
village natal
un lotissement remplace
les grands cèdres
ma maison d'enfance
j'ai oublié la couleur
des murs de ma chambre
envie de gratter
ce nom gravé inconnu
je suis née ici
et la classe rose ?
l'école transformée
en salle des fêtes
parc de mes jeux
qu'est-il devenu l'arbuste
que j'avais pelé ?
Nuit de cauchemar
gonflés par une tornade
les flots en furie
broient les digues séculaires
ô mon pays délabré
Une pierre en moins
sur la margelle du puits
passage du temps
d'autres gamins insouciants
inventent les mêmes jeux
Ciel de giboulées
sur la place un vieux pêcheur
tire sur sa pipe
les volets clos de l'école
où je traçais mes premiers mots
Lueur au levant
dans la ruelle pavée
mon pas ralenti
sur la terre où je suis née
toujours la même émotion
La plage s'incline
sur la ligne d'horizon
vagues éclaircies
posant mes pas dans les siens
elle a tant aimé la mer
Au vieux cimetière
accroché là-bas sur l'île
leurs noms se délitent
en pensée je vais poser
dans leur nuit des myosotis
Haïkus et tankas extraits de La pluie bat la dune (les petits riens, 2009), Au bord de nulle part (Pippa, 2014), Écouter les heures (Prix du Livre Haïku APH 2012), de Villes en Rives (tankas, Editions du Tanka francophone, 2017).