mardi 11 mai 2010


passage de roues
une ouvrière
sacrifiée


Danièle

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Dans la forêt
lentement poser le pied
la fourmi se promène

(Ötli)

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Extrait : "Les Fourmis" (Boris Vian, chap. XV)- Merci JEA !

Je suis toujours debout sur la mine. Nous étions partis ce matin en patrouille et je marchais derrière comme d'habitude, ils sont tous passés à côté, mais j'ai senti le déclic sous mon pied et je me suis arrêté net. Elles n'éclatent que quand on retire le pied. J'ai lancé aux autres ce que j'avais dans les poches et je leur ai dit de s'en aller. Je suis tout seul. Je devrais attendre qu'ils reviennent, mais je leur ai dit de ne pas revenir, et je pourrais essayer de me jeter à plat ventre, mais j'aurais horreur de vivre sans jambes. Je n'ai gardé que mon carnet et le crayon. Je vais les lancer avant de changer de jambe et il faut absolument que je le fasse parce que j'en ai assez de la guerre et parce qu'il me vient des fourmis.

Boris Vian ~ Ed. Scorpion, 1949 ~ Ed. Le Terrain vague, 1960, 1965 ~ Ed. 10/18, 1970, 1979 ~ Ed. Christian Bourgois, 1974, 1982

12 commentaires:

  1. Revient en mémoire une nouvelle de Boris Vian...

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  2. Dans la forêt
    lentement poser le pied
    la fourmi se promène ;)

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  3. @JEA,
    Merci de ce rappel. Heureusement ici pas de mines...

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  4. @Ötli,
    Si seulement la fourmi pouvait se promener ! Ce "petit peuple" a bien trop à faire...

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  5. Très bien observé.
    Struggle for life !

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  6. @Struggle or not struggle you die all the same.

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  7. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  8. Belle analyse, Monika. Je n'ai pas employé par hasard le terme "ouvrière" et... j'allais dire le verbe "écraser". Mais c'est bien de cela qu'il s'agit en définitive. Les poids sont multiples, qui écrasent certaines personnes.
    La Fontaine, un de mes auteurs préférés, a ainsi mis en scène la société. Ses fables n'avaient de fables que l'apparence.

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  9. Monika, pourquoi as-tu supprimé ton message ? Il était tellement exact !

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  10. @ Danièle

    Voici le texte de mon premier commentaire que j'ai supprimé en appuyant sur une mauvaise touche, alors que je voulais y apporter une correction. Toutes mes excuses !

    ***


    C'est intéressant ce qui se passe ici dans ce haïga : si le haïku était publié sans la photo, le double sens du mot "ouvrière" induirait un flou qui inciterait le lecteur à se demander de quelle sorte d'ouvrière il est ici question. L'ouverture serait ainsi plus grande et il aurait un potentiel de sens plus large.

    Par contre, voyant la photo d'abord et lisant le haïku ensuite (on ne peut pas faire les deux à la fois), le lecteur est déjà orienté vers un sens précis, pour sa première lecture.


    Mais si, par la suite, il continue à y penser (comme cela m'est arrivé - signe que ce haïku "en a dedans", comme on dit) il fait peut-être quand même un "lien" avec une réalité sociale que le haïku ne nomme pas directement, mais qu'il contribue à évoquer quand même : parmi les ouvrières humaines, il peut bien arriver que certaines se trouvent sous des roues qui passent...

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  11. Voilà, je me suis enregistrée pour résoudre ces problèmes de commentaires ...

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