lundi 30 avril 2012



après la cueillette
des asperges sauvages
la course aux lézards verts

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dimanche 29 avril 2012



rencontre dans la garrigue
ai-je déjà croisé

regard plus doux ?

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Suis-je sage ?
Cette barbichette
me donne chaud !

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sur l'herbe jaune
les dernières plaques de neige
j'observe en souriant
la chorégraphie des corneilles
  bousculées par les rafales
 ** 
Rafales -
l'oiseau noir insiste
puis renonce.

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samedi 28 avril 2012



nos mains brûlantes
la voûte céleste peut bien
se craqueler

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Rencontre.
Le prof de physique
fatigué.

mop

vendredi 27 avril 2012





sur leurs traces
jusqu'au bois de sapins noirs
là-haut le vent

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jeudi 26 avril 2012



chenil isolé
leurs aboiements assourdissants
sauf un

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Derrière la grille
deux yeux brillants
appellent en silence

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mercredi 25 avril 2012








Devenue chair
pierre du fond des âges
au regard si présent

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seule
l'étrange impression
d'être observée

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mardi 24 avril 2012





http://www.dailymotion.com/video/xckuq4_le-chataignier_music







leur histoire
inscrite dans leur écorce
je n'étais pas née

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Tout craque,
les arbres-oiseaux.
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quand des arbres
fendent l'armure
de leurs écorces

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lundi 23 avril 2012


Balmes (habitations troglodytes) de Montbrun (Ardèche)


entrailles terrestres
de la bouche d'ombre
un parfum de buis

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samedi 21 avril 2012


la monnaie du pape 
se ressème toute seule
qui parle de crise ?

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seeds
this money of nature
a butterfly
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la monnaie du pape
et le coucou au printemps
les mains dans les poches

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mercredi 18 avril 2012

Rue de la Dîme
la monnaie du pape
pas encore transparente

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Monnaie du pape en fleurs,
plus un sou en poche fin avril.

 
Monnaie du Pape
Dans un pot, table cirée
Jadis Chez grand-mère

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lundi 16 avril 2012

le vent violent
en pleine nuit dans ma chambre
remonter le drap
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vendredi 13 avril 2012



Normandie : Abbaye de Jumièges



cloches de midi
un vol de corneilles
s'échappe des ruines




le dos au soleil
j'écrase du bout du pied
une taupinière


dressés face au val
des siècles superposés
lumière diffuse


la nef gigantesque
sous le ciel pommelé
un coucou lointain


dans la tourbe
le pas mollement s'enfonce
soleil au déclin


coiffes végétales
une femme taille la charmille
sourire aux lèvres


le bruit des cornes
sur le zinc de la mangeoire
un air d'Ecosse


les yeux dans les yeux
loin derrière le couchant joue
sur les eaux du fleuve

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mercredi 11 avril 2012

ruisseau de pollen
les pétales du cerisier
à la dérive

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Pluie agressive,
le chat ronronne.

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Parcours haïku de la Vallée de Chevreuse
25 mars 2012

La gourmandise

Haïku sélectionnés 
(envois auteur.es et Gong HS Concours 2011)



Manger une huître   ah !
cette chose vivante coulerait
dans ma bouche
Jean Antonini

fête foraine -
de la barbe à papa
collée à mes doigts
Brigitte Briatte

Sieste d’été -
Dans mon rêve, mes deux fraisiers
Se sont multipliés
Kévin Broda

école buissonnière —
autour d'un feu
le goût des pinces d'écrevisse
Karol Rosiak

première neige -
une cuillerée de miel
pour le yaourt
                                                  minik do

Saveur aigrelette
du cynorrhodon gelé -
volé aux oiseaux.
Jean-Paul Coutelier

l'eau scintille
un cormoran solitaire
déglutit trois fois
Monika Thoma-Petit

printemps cuisant -
le chant glouton des abeilles
dans les haies de mûres
Claire Gardien

 Derrière les ronces
framboises et fraises des bois
- les doigts rouge sang.
Marie-Noëlle Hôpital

 derrière l'auberge
un ours vient manger des fraises
raconte l'aubergiste
Monika Thoma-Petit

mémoire du jardin
sous la pluie
odeurs de thym et de sauge
Marcel Peltier

Drame chromatique
Le vert est une couleur
qui ne mûrit pas
Mario Benedetti, trad. Colo

Liqueur de châtaignes
ou confiture de marrons...
toutes les Cévennes.
Marie-Noëlle Hôpital

Sieste à la plage -
dans le sac à pique-nique
une mouette rieuse
Agnieszka Malinowska

Repas de famille
un mochi vietnamien
- lune dans mon assiette
Lydia Padellec

700 km.
de Bâle à Chantilly -
avaler les distances
Josette Pellet

soleil se couchant
sur la banquise fumante
- œuf au plat luisant
Minh-Triêt Pham

potage fumant -
la cuillère de crème
disparaît
Michel Duteil

Jour de gaufre -
la gourmandise
a le pas léger
Valérie Rivoallon

Ourlées de framboise
chocolat jusqu'aux oreilles
ses lèvres mutines
Bruno Robert

chair orange de la courge
je la coupe
au soleil
Jean Antonini

Amandes dorées
sur la peau grillée des truites
Schubert fait ses gammes
Danièle Duteil

Longtemps
le goût du bonbon
sur la langue
Valérie Rivoallon

Mouffette soûle
cuisine du presbytère
au fond du baril
Liette Janelle

une île flottante
à coups de petite cuillère –
m’échapper du monde
Brigitte Briatte

Là maintenant –
semble dire
la barquette de frites.
Christophe Jubien

crêperie bretonne –
glace au poivre de Sichuan
et thé de Ceylan
Damien Gabriels

Égrenant les heures
l’entame toujours plus large
du gâteau aux pommes
Patrick Druart
 
ciel de neige -
des arabesques de miel
sur la crêpe chaude
Michel Duteil

pelletant la neige
une idée fixe
de mousse au chocolat
Argentiane

Ciel sans lune
au centre de la galette
un jaune d’œuf
Danièle Duteil

cerisiers en fleurs –
chercher cette vieille recette
de clafoutis
Gérard Dumon

gelée de groseilles
le meilleur de la bassine
pour mes doigts
Argentiane

lune d’hiver –
la crème pâtissière fume
à la fenêtre
Françoise Lonquety 

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vendredi 6 avril 2012

3 feuilles sur la treille
(Janick Belleau, Danièle Duteil, Monique Mérabet)
 
HAÏKUS aux Éditions L’iroli www.editions-liroli.net
 
NOTE DE L’ÉDITRICE
 
Trois voix cardinales du haïku nous offrent leurs accents, leurs parfums mêlés, la fine observation de leurs continents naturels. Le vent humide déchargeant une pluie diluvienne ici se change ailleurs en cristaux de neige ou de brouillard marin. Des pas de jeunes filles, devenues femmes, glissent sous les frondaisons, s’arrêtent pour sentir courir le noroît ou le vent dans les filaos, grimpent le Piton des Neiges ou observent la basse mer. Où la notion d’un kigo figé vole en éclats comme éclate le vase plein sous l’effet du gel.
 
Au XXIème siècle comme à celui de Bashô, d’un hémisphère et d’une saison à l’autre, l’expérience humaine des haijins précède l’écriture du poème, donnant au haïku sa saveur et son relief caractéristiques.
 
Alors que d’autres noms de fruits et d’autres oiseaux viennent à notre rencontre pour nous éveiller, un même souffle humain universel traverse ces textes. Souffle qui nous invite à notre tour à observer et à écrire dans la langue du haïku, notre commune aventure.
 
isabel Asùnsolo
 
Mon avis :
 
Comment parler d’un livre dont on est l’auteure, co-auteure en fait puisque je partage ce bonheur avec Janick Belleau et Danièle Duteil. Et comment dit-on quand on est à trois ? tiers-auteure ?
Je me demande aussi de quelle manière évoquer mes écrits, moi qui suis déjà embarrassée de devoir formuler quelques mots de biographie… surtout lorsque mes haïkus s’entremêlent à ceux d’autres auteures. Devrai-je ne pas parler de moi, par courtoisie, par modestie ? Devrai-je ne parler que de moi… et pourquoi pas !
Voilà une chronique qui débute mal… qui aurait du mal à débuter si je n’étais consciente de l’inanité de telles interrogations.
Tout d’abord, il est inutile de porter un regard critique sur mes propres écrits, pas plus que sur ceux de Danièle ou de Janick, d’ailleurs. Le lecteur se fera bien vite une opinion : les haïkus de 3 feuilles sur la treille sont tous bons, excellents même puisqu’ils ont été sélectionnés par l’Éditrice de Liroli avec finesse et compétence.
Déjà, je ne me sens plus propriétaire exclusive, dépositaire des miens. Ils m’échappent, ils vont à la rencontre de ceux des deux autres. Puis, ils se complètent, fusionnent ou alors rebondissent vers un autre bout de chemin, un autre univers.
Voyez, par exemple, pages 30-31…
Vous étiez tout en haut d’un escalier d’érable japonais (momiji) et vous atterrissez sur la plage blanche d’une page, propice à la découverte haïkiste.
Vous croisez Danièle de l’île de Ré… et sa joie.
 
retour du soleil
dans la boîte aux lettres
un petit colis                            (D)
 
Un peu plus loin – juste un continent, un océan à traverser – vous tombez sur Monique de la Réunion qui sourit, elle aussi
 
boîte aux lettres vide
ce lundi – à côté
une mangue mûre                   (M)
 
Et, quelques fuseaux horaires plus loin, tout là-bas du côté du Québec, Janick vous présente ce qu’elle contemple
 
sur la chaussée
sa naissance à l’ombre
la fleur sauvage                      (J)
 
Trois feuilles voguant sur la même longueur d’onde
Au bout du compte, il est peut-être vain aussi de se demander « qui écrit quoi ». la signature d’une initiale en bas de page est d’une bienheureuse discrétion.
Et du coup, s’efface de mon esprit cette si peu élégante expression de « tiers-auteure ». L’association des haïkus, leur agencement est si évident, si nécessaire que chacune se retrouve auteure à part entière. Chaque page est habitée de la présence de toutes en même temps. Même figurant en solo, chacun des tercets en annonce un autre, complice, attendant de se dévoiler.
Une petite parenthèse pour vous inviter à découvrir le soli-haïku de la page 71… à couper le souffle !
 
Cet ouvrage a trois auteures, donc, ainsi que le confirme la note de l’Éditrice :
« Trois voix cardinales du haïku nous offrent leurs accents, leurs parfums mêlés… »
Trois… Et soudain, cette impression d’avoir décelé une inexactitude, un petit détail qui cloche, qui ripe dans la recopie de cette note. « Trois voix » ? Non ! Non ! le compte n’est pas bon.
Notre beau livre d‘art est réalisé à… quatre voix ! Comment laisser sous le boisseau celle – essentielle – d’isabel Asùnsolo, Éditrice de l’iroli, chef de chœur de ce concert polyphonique.
Quelle patience il lui a fallu pour piocher dans cet amas de feuilles tombées des haïkutiers de l’île de Ré, de Québec, de la Réunion, pour les trier et n’en retenir qu’un essaim froufroutant.
Et avec quelle minutie de brodeuse, elle a su les associer, les apparier !
Chaque composition est une micro-histoire emmenant le lecteur vers un ailleurs qui rejoint son propre imaginaire, ses propres ressentis.
« Alors que d’autres noms de fruits et d’autres oiseaux viennent à notre rencontre pour nous éveiller, un même souffle humain universel traverse ces textes. » écrit l’éditrice. Que dire de mieux ?
 
Une mention spéciale pour Benoît Delaite, le maquettiste, qui nous présente au fil des feuilles de papier un véritable ballet de feuilles, de tiges et de fleurs, de haïkus… l’herbier qui danse ! Avec tant de force, tant de vie, qu’en ouvrant sur une page au hasard, je me prends à me demander si les éléments qui la composent n’auront pas changé de place, s’ils ne suivent pas un perpétuel mouvement à l’abri des regards pour se figer soudain… avec infiniment de grâce.
 
Le mot de la fin à isabel Asùnsolo qui évoque [ce] « souffle qui nous invite à notre tour à observer et à écrire dans la langue du haïku. » Merci isabel.
 
(Monique MERABET, 28 Mars 2012)