Un de mes coups de cœur...
en attendant la neige !
Tombent les fleurs de cerisiers
entre les branches
le temple apparaît
entre les branches
le temple apparaît
Buson (1716-1784), trad. Corinne Atlan
Ce haïku des « fleurs de cerisiers » me séduit à plusieurs
titres. Ancré dans la saison, le printemps ici, il met parfaitement en
contraste l’éphémère (la fleur) et l’éternel (le temple). Simultanément,
il aborde la notion de vide qui constitue un concept fondamental de la
culture japonaise. Le vide n’est pas néant : il est une dimension
révélée, à investir et où créer, un chemin dessiné en creux à explorer, à
la rencontre d’autres découvertes.
Ici, l’espace laissé vacant offre à l’imaginaire du lecteur/ de la lectrice une marge à s’approprier, rappelant que ce petit poème, éminemment social, suppose échange et courtoisie : l’autre existe, je laisse donc sa sensibilité s’exprimer, poser du sens sur mes mots et mes silences, tracer sa propre route à partir de ce que je dis ou de ce que je tais.
Ici, l’espace laissé vacant offre à l’imaginaire du lecteur/ de la lectrice une marge à s’approprier, rappelant que ce petit poème, éminemment social, suppose échange et courtoisie : l’autre existe, je laisse donc sa sensibilité s’exprimer, poser du sens sur mes mots et mes silences, tracer sa propre route à partir de ce que je dis ou de ce que je tais.
Au-delà de cet aspect, Buson esquisse de manière remarquable
la très belle esthétique japonaise de l’effacement, une esthétique qui
conduit à la mise en exergue de l’essentiel : les fleurs meurent,
laissant entre les branches un vide d’où surgit le temple, symbole de la
vérité et de l’harmonie du monde.
Ainsi, l’encre des mots ne doit-elle pas tout exprimer car la
substance du poème est à puiser aussi – surtout ? – dans les blancs et
les silences qui sont autant d’outils propres à sublimer le dire pour
mieux éveiller la conscience.
**
footsteps
in this empty pathway
reflections
des traces de pas
dans le sentier désert
pensées
(trad. Danièle D.)
**
La cloche se tait
le parfum des fleurs en écho
ah ! quelle soirée
Bashō
✿✿✿
Le
vide n'est pas néant, ce que confirme la physique quantique...
+
Vibrations - une fleur, une graine.
**
+
Vibrations - une fleur, une graine.
**
Jacqueline :
VIDE ET PLEIN , dualité de la philosophie orientale,
du TAO, de l'art asiatique qui me parlent depuis près de 40 ans .
l'absence qui révèle la présence
François Cheng a écrit ce merveilleux livre "VIDE ET PLEIN"qui éclaire nos esprits occidentaux
l'absence qui révèle la présence
François Cheng a écrit ce merveilleux livre "VIDE ET PLEIN"qui éclaire nos esprits occidentaux
**
François Cheng
Vide et plein, extrait :
2- Le vide
dans la peinture chinoise
Le Trait
de pinceau. Nous allons voir, plus loin, tout le contenu spécifiquement
pictural du Trait. Ici, sous l’angle philosophique, il nous suffit de souligner
que le Trait tracé, aux yeux du peintre chinois, est réellement le trait
d’union entre l’homme et le surnaturel. Car le Trait, par son unité interne et
sa capacité de variation, est Un et Multiple. Il incarne le processus par
lequel l’homme dessinant rejoint les gestes de la Création. (L’acte de tracer
le Trait correspond à celui même qui tire l’Un du Chaos, qui sépare le Ciel et
la Terre). Le Trait est à la fois le Souffle, le Yin-Yang, le Ciel-Terre, les
Dix-mille êtres, tout en prenant en charge le rythme et les pulsions secrètes
de l’homme.
http://www.lacanchine.com/L_Cheng-vide.html
footsteps
in this empty pathway
reflections
des traces de pas
dans le sentier désert
pensées
(trad. Danièle D.)
**
La cloche se tait
le parfum des fleurs en écho
ah ! quelle soirée
Bashō
✿✿✿
kane
kiete
hana
no ka wa tsuku
yūbe kana
- Bashō -
✿✿✿
Tu écris : le vide n'est pas néant, ce que confirme la physique quantique...
RépondreSupprimer+
Vibrations - une fleur, une graine.
+
Bien cordialement.
La théorie quantique me fascine. Par association d'idées sans doute, je me pose la question de savoir comment fonctionne la transmission de pensée.
SupprimerVIDE ET PLEIN , dualité de la philosophie orientale, du TAO, de l'art asiatique qui me parlent depuis près de 40 ans .
RépondreSupprimerl'absence qui révèle la présence
François Cheng a écrit ce merveilleux livre "VIDE ET PLEIN"qui éclaire nos esprits occidentaux
Jacqueline
Merci, chère Jacquaeline, d'apporter de l'eau au moulin !
Supprimerfootsteps
RépondreSupprimerin this empty pathway
reflections
Some see nothing, others create; always, a dream fills emptiness. _m
Yes ! It's exactely what the haïku means. Thank you, Magyar.
SupprimerMerci pour cet éclairage en équilibre vide-plein, pointillés et respiration.
RépondreSupprimerFormidable haïku. Subtilité tout en élégance.
Les mots "élégance" et "subtilité" attribués à ce haïku sont très justes. Je le trouve magnifique. Merci, Maïté !
SupprimerMerci Danièle pour tant de pureté et beauté♥
RépondreSupprimer"Ainsi, l’encre des mots ne doit-elle pas tout exprimer car la substance du poème est à puiser aussi – surtout ? – dans les blancs et les silences qui sont autant d’outils propres à sublimer le dire pour mieux éveiller la conscience."
"L'esthétique japonaise de l’effacement" Voila qui est dit!
La cloche se tait -
le parfum des fleurs en écho
ah! quelle soirée
- Bashō -
✿✿✿
kane kiete
hana no ka wa tsuku
yūbe kana
- Bashō -
✿✿✿
Ah, Okasan !Ce haïku de Basho est également une merveille de finesse. Il a un petit air baudelairien qui n'est pas pour me déplaire. J'apprécie beaucoup la version en japonais qui joue si bien sur les sonorités. Merci et bonne journée !
SupprimerTrès belle évocation du vide, espace de l'imaginaire, respiration de l'écriture.
RépondreSupprimerTous les arts se rejoignent (musique, peinture, poésie et d'autres encore) dans cet art de faire parler les blancs et les silences à notre imaginaire. Bonne journée, Tania !
SupprimerCe haïku de Buson, avec lequel tu commences ton texte (et que je ne connaissais pas), me paraît comme une sorte de premier original du "mien", publié vendredi sur mon blogue. Donc oui, le "mien" s'avère en quelque sorte un déjà-ku... misère !
RépondreSupprimerL'idée est proche, Monika, mais ici Buson offre en plus un "fondu enchaîné", si je puis dire, qui est admirable.
SupprimerNuage de coeur
RépondreSupprimertransformé en fleurs
annonce d'autres saisons
Merci, Saravati ! Bonne journée.
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