SHIKOKU : 17 SEPTEMBRE
nuit interrompue
le bruit de l'averse couvre
sa respiration
pendant le bain chaud
la pluie d'automne survient
quelqu'un me fait signe
Au matin le jardin, tout lumineux sous les gouttelettes d'eau, offre visage encore plus resplendissant. Quel bonheur de flâner à la fraîche dans ce havre de paix et de verdure !
Mais très vite le soleil revient à la charge...
pavillon fermé
la sauterelle relie
deux coins de ciel vides
La maison s'anime. Nous prenons place autour du Kakatsu (table basse chauffante), assis sur nos Zabuton (coussins plats), pour déjeuner de pain, de fruits et de jus de tomate. Après quoi, toujours assis en tailleur, nous entamons la conversation.
Mme Kei nous honore bientôt de la visite de son pavillon d'été (roji), dans lequel a lieu de temps en temps la cérémonie du thé.
ouvrant la fenêtre
un lézard tombe à mes pieds
le bruit d'un balai
**
le bruit d'un balai
**
Ermitage de Sôkan
La journée se poursuit par une visite au temple Kousiyoji où se situe l'ermitage de Sôkan. M. Masazumi Noguchi, écrivain lauréat du prix Kan KIKUCI, nous guide.
L'atmosphère est détendue. Monsieur Noguchi présente Sôkan (Yamasaki Sôkan), poète du 16e siècle, assez injustement mal connu en France alors qu'il est un peu le grand-père du haïku : Sôkan a développé le haïkaï-renga, poésie collaborative basée sur la surprise et le comique, n'écartant pas au besoin un peu de vulgarité. Bashô fera évoluer cette forme vers le haïkai, ancêtre du haïku.
Après avoir présenté une série de documents, M. Noguchi montre la calligraphie qu'il a effectuée sur une courge longue (hechime) :
anniversaire de Shiki
j'ai un petit empêchement
je ne peux m'y rendre
"Signé" Sôkan
En fait Shiki, à qui l'on doit le haïku moderne tel que nous le connaissons, n'a jamais honoré de sa visite l'ermitage de Sôkan. Le haïku de M. Noguchi rappelle, non sans malice, cette réalité.
Il faut se souvenir que, malade et alité à la fin de sa vie, Shiki n'avait pour tout spectacle depuis sa chambre que son jardin, le ciel et la vue des hechime qui étanchaient bien sa soif lorsqu'il était fébrile.
Pendant ce temps, la pluie s'est remise à tomber et nous devons, quelque peu dévorés par les moustiques, nous abriter sous l'avancée de l'ermitage avant de poursuivre notre chemin. M. Noguchi en profite pour effectuer de superbes calligraphies qu'il nous remettra en cadeau de bienvenue. Un de plus ! Partout à Shikoku nous avons reçu un accueil des plus chaleureux, nos hôtes étant manifestement enchantés d'accueillir des haïkistes français.
Avant de rentrer chez Mme Kei, une petite visite au musée des chariots (musée du Cyohsa) s'impose. Il s'agit de chariots décorés qui déambulent dans les rues lors de la fête de la récolte du riz. Ils sont portés par les hommes les plus robustes.
Chez Mme Kei, où nous sommes décidément très très gâtés, nous attend une magnifique soirée :
La table dressée pour le repas
Théâtre no
Comme il ne s'agit pas de faire les choses à moitié, la cérémonie du thé nous est également offerte, pour notre plus grande joie.
Un grand merci, Mme Kei !
Pas question d'aller se coucher sans avoir participé au traditionnel kukaï (concours de haïku) qui nous mène assez tard dans la nuit.
Pour Mme Kei, le haïku est obligatoirement rythmé en 5 / 7 / 5 et doit comporter un mot de saison (kigo) ainsi qu'une césure (kiregi). Elle préfère de loin ceux qui suggèrent.
mes cheveux coupés
je croise au jardin
un petit papillon blanc
Mme Kei
L'heure du repos nocturne est venue...
le vent sur la cloche
à quoi rêve ma compagne
derrière le shoji ?
**
Un vrai régal des yeux et de l'esprit !!! Quel voyage magnifique !
RépondreSupprimerMerci ! Nous avons en effet beaucoup de chance. Le voyage réserve chaque jour son lot de merveilles.
SupprimerDes perles de pluie à la jolie table ronde...
RépondreSupprimerMerci à la chroniqueuse.
Merci de ton passage, Tania !
Supprimeravec les gouttes de pluie en fond sonore, la poésie s'invite des mots à la table si bien dressée et nous suivons pas à pas toutes ces rencontres: richesse des sollicitations, accueil formidable, culture raffinée: saurions-nous en faire autant?
RépondreSupprimerMerci, Maïté ! Avec la meilleure volonté, nous aurions du mal à en faire autant.
SupprimerThanks, again, for this.
RépondreSupprimerThanks bill coming to read my blog.
SupprimerUn voyage typique vraiment merveilleux!...Y a t-il un perdant et un gagnant à ce kukaï?...je veux tout savoir..ou presque! Rires
RépondreSupprimerIl y a eu une gagnante (pas moi !) mais il n'y a jamais de perdant.
SupprimerLe dépouillement de l'intérieur de la maison est un contrepoint à la végétation, l'accueil, la table, tous chargés d'émotions, de plaisirs...Merci!
RépondreSupprimerMerci, Colo ! Ce serait difficile d'imaginer mieux.
SupprimerBelle aventure
RépondreSupprimerdepuis les jours s'écoulent -
balade haïku!
- 海子 -
Merci de votre visite, Okasan ! Une très très belle aventure en effet.
SupprimerEnvieux du beau voyage -
RépondreSupprimerà l'écran la consolation
de l'amitié en images
Très beau récit
Merci Yanis ! Mes amitiés du Japon.
SupprimerQuelle belle aventure dans ce pays qui me fait rêver.Je te suis virtuellement dans ces lieux magiques.
RépondreSupprimerMoissonne de belles images
Merci pour ce merveilleux partage et peut être que mon pinceau ...
jacqueline
Heureuse de te retrouver ici, Jacqueline, pour partager ces superbes moments ! Amitiés.
RépondreSupprimer