Shikoku Muchujin-Shikoku Haïku Méguri “Balade – Haïku dans l’île de Shikoku” (17)

Shikoku : 14 Septembre

Le temple Myohoji (le temple de Buson)

à Marugame

fin d'été au temple

au second coup de la cloche

je prononce un voeu

Ce matin, lever en catastrophe : ma sonnerie de réveil était mal réglée, à cause du décalage horaire. Trop tard pour le petit déjeuner, je rejoins le groupe déjà en route. Le patron de l'hôtel, charmant, me conduit au temple Myohoji, encore appelé le temple de Buson ou "Buson-dera".

Entre 1766 et 1768, le poète et peintre séjourna en ces lieux qui l'inspiraient. Il prit place dans un ermitage, au fond du  jardin organisé autour d'une mare dans laquelle tombent, de manière naturelle, des rochers.

Avant de repartir pour Kyoto, il composa ce célèbre haïku :

Nagajiri no haru wo tatasete shuro no hana .

Demeuré trop longtemps

le printemps bientôt s'achève

avec les fleurs de cycas

Buson doit repartir. Les fleurs de cycas représentent tous les bons moments qu'il a vécus en ces lieux et qui sont autant de souvenirs exceptionnels qu'il emporte avec lui.  

Le haïku de Buson écrit par un moine six ans après le départ du poète.

au jardin du temple

fleurs de cycas éternelles

la stèle gravée

Sur cette stèle, un autre haïku de Buson écrit de la main du poète.

sortant de ce temple

à nouveau simple passant

crépuscule d'automne 

A 10 h, a lieu une conférence sur le haïku, par le maître Masazumi Noguchi (prix de Kan KIKUCHI) qui explique les règles fondamentales, particulièrement le recours au mot de saison (kigo). Il nous montre son saijiki - il s'agit de son propre almanach de mots de saison - puis nous offre un hokku encadré de sa composition. Le hokku, qui donnera plus tard le mot haïku, est le premier verset d'un renga. Il s'agit d'un verset d'accueil :

Saint septembre

depuis longtemps son rêve de la France

elle vient à lui

La matinée est déjà très chaude. Nous partons pour l'île de Honjima où le déjeuner doit se dérouler à l'intérieur d'une "maison-bateau" construite 140 ans auparavant. 

Le quartier est très peu peuplé. Un chien jappe sur notre passage.

 

Intérieur d'une maison-bateau

 

La maîtresse des lieux nous accueille sur le seuil, nous invitant à prendre place dans la fraîche salle à manger où nous attend un excellent repas de poisson frais et de mets divers. 

 

 

Après quelque repos, nous allons flâner dans la ruelle, visitant deux ou trois de ces demeures caractéristiques dont une expose de superbes "brulots" pour chauffer le thé.

Une petite cour intérieure enferme un puits traditionnel.

pas de liseron

enroulé autour du seau

elle puise l'eau fraîche

Nous terminons par une très agréable promenade dans la baie de Seto. Le soleil est encore brûlant, nous apprécions donc particulièrement l'air que nous procure le déplacement rapide du bateau.

relief estompé

par les brumes de chaleur

la soirée avance