3 feuilles sur la treille
(Janick Belleau, Danièle Duteil, Monique Mérabet)
HAÏKUS aux Éditions L’iroli www.editions-liroli.net
NOTE DE L’ÉDITRICE
Trois
voix cardinales du haïku
nous offrent leurs accents, leurs parfums mêlés, la fine observation
de leurs continents naturels. Le vent humide déchargeant une pluie
diluvienne ici se change ailleurs en cristaux de neige ou
de brouillard marin. Des pas de jeunes filles, devenues femmes,
glissent sous les frondaisons, s’arrêtent pour sentir courir le noroît
ou le vent dans les filaos, grimpent le Piton des Neiges ou
observent la basse mer. Où la notion d’un kigo figé vole en éclats
comme éclate le vase plein sous l’effet du gel.
Au
XXIème siècle comme à celui de
Bashô, d’un hémisphère et d’une saison à l’autre, l’expérience
humaine des haijins précède l’écriture du poème, donnant au haïku sa
saveur et son relief
caractéristiques.
Alors
que d’autres noms de fruits
et d’autres oiseaux viennent à notre rencontre pour nous éveiller,
un même souffle humain universel traverse ces textes. Souffle qui nous
invite à notre tour à observer et à écrire dans la langue
du haïku, notre commune aventure.
isabel Asùnsolo
Mon
avis :
Comment parler d’un livre dont on est l’auteure, co-auteure en fait puisque je partage ce bonheur
avec Janick Belleau et Danièle Duteil. Et comment dit-on quand on est à trois ? tiers-auteure ?
Je
me demande aussi de quelle manière évoquer mes écrits, moi qui suis
déjà embarrassée de devoir
formuler quelques mots de biographie… surtout lorsque mes haïkus
s’entremêlent à ceux d’autres auteures. Devrai-je ne pas parler de moi,
par courtoisie, par modestie ? Devrai-je ne parler
que de moi… et pourquoi pas !
Voilà une chronique qui débute mal… qui aurait du mal à débuter si je n’étais consciente de l’inanité
de telles interrogations.
Tout d’abord, il est inutile de porter un regard critique sur mes propres écrits, pas plus que sur
ceux de Danièle ou de Janick, d’ailleurs. Le lecteur se fera bien vite une opinion : les haïkus de 3 feuilles sur la treille sont tous
bons, excellents même puisqu’ils ont été sélectionnés par l’Éditrice de Liroli avec finesse et compétence.
Déjà,
je ne me sens plus propriétaire exclusive, dépositaire des miens. Ils
m’échappent, ils vont à
la rencontre de ceux des deux autres. Puis, ils se complètent,
fusionnent ou alors rebondissent vers un autre bout de chemin, un autre
univers.
Voyez, par exemple, pages 30-31…
Vous étiez tout en haut d’un escalier d’érable japonais (momiji) et vous atterrissez sur la plage
blanche d’une page, propice à la découverte haïkiste.
Vous croisez Danièle de l’île de Ré… et sa joie.
retour du soleil
dans la boîte aux lettres
un petit colis
(D)
Un peu plus loin – juste un continent, un océan à traverser – vous tombez sur Monique de la Réunion
qui sourit, elle aussi
boîte aux lettres vide
ce lundi – à côté
une mangue mûre
(M)
Et, quelques fuseaux horaires plus loin, tout là-bas du côté du Québec, Janick vous présente ce
qu’elle contemple
sur la chaussée
sa naissance à l’ombre
la fleur sauvage (J)
Trois feuilles voguant sur la même longueur d’onde
Au bout du compte, il est peut-être vain aussi de se demander « qui écrit quoi ». la
signature d’une initiale en bas de page est d’une bienheureuse discrétion.
Et
du coup, s’efface de mon esprit cette si peu élégante expression de
« tiers-auteure ».
L’association des haïkus, leur agencement est si évident, si
nécessaire que chacune se retrouve auteure à part entière. Chaque page
est habitée de la présence de toutes en même temps. Même
figurant en solo, chacun des tercets en annonce un autre, complice,
attendant de se dévoiler.
Une petite parenthèse pour vous inviter à découvrir le soli-haïku de la page 71… à couper le
souffle !
Cet ouvrage a trois auteures, donc, ainsi que le confirme la note de l’Éditrice :
« Trois voix cardinales du haïku nous offrent leurs
accents, leurs parfums mêlés… »
Trois… Et soudain, cette impression d’avoir décelé une inexactitude, un petit détail qui cloche, qui
ripe dans la recopie de cette note. « Trois voix » ? Non ! Non ! le compte n’est pas bon.
Notre beau livre d‘art est réalisé à… quatre voix ! Comment laisser sous le boisseau celle –
essentielle – d’isabel Asùnsolo, Éditrice de l’iroli, chef de chœur de ce concert polyphonique.
Quelle patience il lui a fallu pour piocher dans cet amas de feuilles tombées des haïkutiers de l’île
de Ré, de Québec, de la Réunion, pour les trier et n’en retenir qu’un essaim froufroutant.
Et avec quelle minutie de brodeuse, elle a su les associer, les apparier !
Chaque composition est une micro-histoire emmenant le lecteur vers un ailleurs qui rejoint son propre
imaginaire, ses propres ressentis.
« Alors que d’autres noms de fruits et d’autres oiseaux
viennent à notre rencontre pour nous éveiller, un même souffle humain universel traverse ces textes. » écrit l’éditrice. Que dire de mieux ?
Une
mention spéciale pour Benoît Delaite, le maquettiste, qui nous présente
au fil des feuilles de
papier un véritable ballet de feuilles, de tiges et de fleurs, de
haïkus… l’herbier qui danse ! Avec tant de force, tant de vie, qu’en
ouvrant sur une page au hasard, je me prends à me
demander si les éléments qui la composent n’auront pas changé de
place, s’ils ne suivent pas un perpétuel mouvement à l’abri des regards
pour se figer soudain… avec infiniment de
grâce.
Le mot de la fin à isabel Asùnsolo qui évoque [ce] « souffle qui nous invite à notre tour à observer et à écrire dans la langue du haïku. » Merci isabel.
(Monique MERABET, 28 Mars 2012)
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