Tintamarre. Sous les bourrasques, les arbres font le dos rond et la pluie crache en rafales aux flancs des murs. Bruits métalliques… Dans la forêt de mâts, le concert bat son plein.
Clac ! Un cordage. Rompu d’un coup, sans bavure, tout net.
aller simple
l’ami* de toujours
lune décroissante
La mer vocifère. S'engouffrent dans la pinède les longs mugissements du vent. La voix du monde. Enorme. Parfois secouée de hoquets, de sanglots rouges coincés dans le goulet du temps.
Pfuit ! Feux follets en maraude échappés des marais.
danse du diable
guiseppe l’invite
pour la dernière valse
Un avion trop bas siffle. Et puis un long point d’orgue. Là-bas on s’apprête…
Nouvel abat-d’eau. Un djinn traverse. Ses yeux bleus aveugles.
chute de perles
des chapelets de nuages
changent de rive
Inspiration profonde. Soulèvement. Suspension. Fracas. La digue côté Nord… Son gros trou creusé par les vagues. Ses tripes.
un doigt
sur la table d’orientation
ongle noir
Le quai luit. Une mouette s’attarde sur deux pavés disjoints. Des pas. Son cri. Disparaît.
Aux terrasses, les chaises empilées. Le barbu n’a plus sa pipe. Plié, son journal.
le cadran
une aiguille en moins
compte à rebours
Elle court seule, la cannette de bière, jusqu’à l’anneau d’ancrage.
le Roi Soleil
aux portes de la ville
sa face craquée
Tourbillon de gravats. La pointe des cyprès fouette au ciel une trouée.
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* L'ami : Décédé d'une crise cardiaque. J'écris ces lignes pendant que ses obsèques ont lieu. La tempête fait rage.
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Je pense qu'il faut arriver à discipliner ses pensées...acte encore difficile pour moi.
RépondreSupprimerCette poésie est belle, j'aime sa relation avec les saisons.
bravo.
Merci Evelyne, de cette première visite et de ton compliment.
RépondreSupprimerJe vois qu'en effet, tu n'en as pas perdu une miette de ce vent devenu tempête ! Tout un haïbun en est sorti... On se croirait au beau milieu d'un conte fantastique !
RépondreSupprimerquelle belle écriture ramassée...
RépondreSupprimerMerci monika, Evelyne ! Vous m'encouragez. Je n'en suis qu'aux balbutiements par rapport à l'écriture du haïbun...
RépondreSupprimerD'accord, monika, pour l'ambiance fantastique. C'est comme ça dans ma tête.
26 février. Ce matin, ses obsèques.
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ce lâcher, cette spontanéité entre les éléments déchaînés et la narration. Continue...
RépondreSupprimerBeau et fort ce haïbun: surtout ne pas se retenir...
RépondreSupprimerAndré
Excellent Danièle, des mots pris dans la tempête,
RépondreSupprimermais libres et maitrisés, c'est fort, continue ça fait du bien...
Heureuse d'avoir vos appréciations neko, André, mido. Elles me sont précieuses.
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