à écouter les arbres
apprendre la sagesse

*estran saccagé
vont-ils aussi cueillir
les étoiles ?

*estran : lieu de pêche à pied, partie découverte à marée bassse.

marée montante
un courlis solitaire
fend le ciel

gelées blanches
sur le panneau "stop"
une chouette

terres inondées
le village
sort de la brume

aube rose
le corbeau
plus noir

pas de mots
pas de pleurs
béance

la violence de la poésie
est calme et silencieuse
et pénètre loin -
jusqu'à l'os
jusqu'au blanc

Kenneth White : Un monde ouvert, Poésie / Gallimard

sans mobile -
deux vieillards baignent
dans leur sang

volets clos
entre les lignes
le vent

l'arbre...
son oeil étonné

grande marée
dans la laisse-de-mer
quelques squelettes

dernière vague
elle dépose
la mouette inerte

trois pas vers la vague
les mouettes
aux cent coups

janvier tout feu tout flamme
l'eau des tourterelles
gelée

odeur de varech

à perte de vue
des crêtes de vagues

vertige ~
les craquements
des dernières marches

heure du jusant
derniers jets d'écume

souffle marin
contournant la dune
gifles de sable

Danièle


face au vent
les mouettes
du sable
entre les dents

Mop


goûter -
entre pain et chocolat
un peu de sable

Danièle

battements d'ailes
autour du quignon de pain
- balançoire vide

derniers rayons
dans le marais un cygne noir
lui fait du charme

mer invisible
le halo du phare
mangé par la brume

vieil agenda
sa belle écriture
la pluie tombe fine

chemin hivernal
feuilles tombées une à une
devant un grand vide

la baignoire
à moité remplie
- la crise

arbres dénudés
tout proche soudain
le continent

mauvaise grippe
toute la journée à faire
le tour de l'écran

le vaste champ
avalé d'une traite
par le cri du faisan

Yamei ("ah! Matsushima", Ed. Moundarren)



tout l'espace
rempli de sa corne
le bateau

Danièle Duteil

salut bref
les passants
s'enfoncent dans la nuit

monde éphémère
là-bas
la terre tremble

fièvre tenace -
derrière la vitre
le crachin

jour de tourments -
un instant près de la mouette
se poser

de l'aube
il a rêvé toute la nuit
le condamné

Je viens de relire l'Etranger de Camus

déjeuner frugal
un seul croissant de lumière
au point du jour

avant son départ
respirer profondément
l'odeur de sa peau

moment de grâce
un bébé en vie
sous les décombres

neuf heures du matin
un enfant à tête d'homme
court après le bus

pleine nuit
la pluie ricoche
sur le balcon

défilé de rails
le soleil tire aux cordes
sur les hautes tensions

passage du train
détalant dans le brouillard
quatre biches

traversée du pont
la manche à air un peu flasque
brasse la brume

mur mitoyen -
le crâne
du voisin chauve

soleil d'hiver
sur ses lèvres gercées l'orange
pelée à vif

escadron d'oies
conciliabule céleste
virage plein Nord


Idée déco :

mer grise
chercher des bois flottés
pour faire des oiseaux

haïku : Danièle


sur la plage nue
des bois flottés
en forme de corps

Haïku : André

lune noire
dans les champs inondés
des nuées de mouettes

nuit noire
dans le chaos
des corps exangues

attente
au bout du fil
le néant

pluie diluvienne
on tambourine
à la porte

pluie d'aiguilles
une étoile
à terre

dernière pluie -
à la fenêtre
un décolleté


Proposition de Marcel :

après la pluie -
premier décolleté entrevu
à la fenêtre


Mixage de Mido :

après la pluie -
à la fenêtre
un décolleté

chaos
la lune montre à la terre
sa face obscure

lendemain de pluie
une bourrasque arrache à l'arbre
son reflet

grand froid
deux cailles enlacées
frigoussent*

*frigousser : mijoter (Ripaille et marmitons : les mots de la table", éd. le Robert, 2007).

Malgré le redoux d'hier, la neige n'a pas complètement fondu. On dit qu'elle en appelle une autre. Aujourd'hui en effet souffle un vent glacial sur l'île et la mer gronde fort. Depuis la fenêtre le pont, arque-bouté dans la grisaille, semble suspendu aux nuages. Curieusement, le rouge-gorge n'a pas englouti ses miettes de pain... Où se cache-t-il ?

arraché au toit
un dernier décor de Noël
traverse la rue

sur les ondes
rythme endiablé

Tout à l'heure, rendez-vous avec les Anciens pour recueillir leur mémoire. Vont-ils s'aventurer ?

courbé sur sa canne
il rit
à ses farces d'écolier

cascade de glace
sous les coups du piolet
le chant de l'eau

jours plus courts
qu'importe ?
le rouge-gorge plastronne

éclat -
dans la cour enneigée
un rouge-gorge

Photo Cécile Duteil

dégel
fixer la goutte
en équilibre

ou

dégel
la goutte
en équilibre

ou

redoux
sous la goutte
l'éclat retrouvé


Clin d'oeil de Marcel :
mes joues redevenues rouges
se dit le fruit
même s'il a la goutte au nez

Proposition de Mido :
redoux
sous la baie rutilante
une perle d'eau




Jeu pour tous : proposez votre version ! Merci d'avance.

dégel
bec à bec sur la pelouse
merle et rouge-gorge

dans la fenêtre
un fragment
d'océan

En écho au e-recueil de Daniel Py : Une journée à la fenêtre.

L'eau, le feu

nuit proche
le soleil joue
à la marelle

L'eau, le feu

orage - les éclairs
donnent des coups d'épée
dans l'eau

ou plus simplement :

orage
des coups d'épée
dans l'eau

chez la psy :
« le corps
c’est dans la tête »

jaunies
les jacinthes du nouvel an
ciel bas

L'eau, le feu

sous les flocons
fuir les sombres pensées
un sapin brûle

pas prudents
sur le pavé du port
pas même une mouette

MINUTE

une minute
dérobée à la nuit
tout un programme

**

Mop

viendra le carnaval

avec plus de lumière

patience

**

jours plus courts
la vieille marche à pas lents
la terre boit la pluie

ciel de neige
la lune blanche
en plein jour

matin blanc
pour tout bruit
le chant d'un oiseau

vol de mouettes
le brouillard se referme
sur leurs ailes

dilution
un instant
être algue

de passage
la première neige

jardin silencieux
la neige tombe

Excellente année 2010 à tous !


lendemain de fête
une guirlande ringarde
pend au petit jour